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Table ronde sur la violence fondée sur le sexe en ligne et chez les jeunes
(18 juillet 2016 - Toronto)

Le 18 juillet 2016, l'honorable Patty Hajdu, ministre de la Condition féminine, a tenu à Toronto (Ontario) une table ronde sur la violence fondée sur le sexe (VFS) en ligne et chez les jeunes. Cette table ronde faisait partie d'un vaste processus de dialogue avec les parties intéressées au pays, processus qui a pour but d'éclairer l'élaboration de la stratégie fédérale contre la VFS. Plus de renseignements à ce sujet.

Cette table ronde a exploré l'influence des médias sociaux sur la VFS chez les jeunes. On a notamment abordé les mesures de prévention et d'intervention que le gouvernement fédéral pourrait prendre contre les différentes formes de VFS qui ont cours en ligne chez les jeunes. Il a aussi été question du vécu propre à certaines populations à risque. Plus de 20 personnes ont participé à cette table ronde, parmi elles : des chercheuses et militantes engagées dans la lutte contre la VFS, ainsi que des membres d'organismes de jeunes et de groupes féministes qui interviennent en première ligne. Le milieu professionnel (médias sociaux et cybersécurité) et la jeunesse étaient (moins de 24 ans) étaient représentés.

Points saillants

On trouvera ci-dessous un résumé des discussions. S'agissant d'un résumé, il ne rend bien sûr pas compte de tous les propos; il n'y avait pas forcément consensus sur les points recensés ci-dessous.

Les personnes présentes ont insisté sur l'importance de croire et soutenir les survivantes de la VFS sous toutes ses formes.

On a avancé les approches suivantes pour contrer efficacement la VFS en ligne et chez les jeunes :

  • Une approche holistique
    • Il faut s'attaquer aux causes profondes et systémiques de cette violence, notamment au patriarcat, au sexisme, au racisme et au capitalisme.
    • La stratégie devrait favoriser l'émergence d'une nouvelle culture qui repose sur le consentement, valorise les relations saines et décourage les conceptions néfastes de la masculinité, y compris la « culture du viol » (c'est-à-dire un ensemble de croyances et d'attitudes qui associent la violence et la domination à l'identité masculine et qui font porter le blâme aux victimes).
    • Il est important de remettre en question la distinction entre la violence en ligne et la violence « réelle » (p. ex., la violence amoureuse), car cette distinction, en plus d'être fausse, donne parfois l'impression que la violence en ligne est moins grave (le pouvoir législatif est d'ailleurs moins sévère à son égard).
  • Une approche fondée sur l'analyse intersectionnelle
    • La VFS en ligne et chez les jeunes n'est pas vécue de la même manière par toutes et tous. Par conséquent, la stratégie devrait :
      • tenir compte de tout le monde, y compris de la communauté allosexuelle (p. ex. : lesbiennes, gais, personnes bisexuelles, transgenres, de genre non conforme ou en questionnement quant à leur orientation sexuelle ou identité de genre), les personnes bispirituelles, les nouvelles arrivantes et nouveaux arrivants, ainsi que les personnes aux prises avec la pauvreté;
      • tenir compte du vécu des personnes handicapées;
      • tenir compte des différentes manières dont les jeunes échangent en ligne, selon qu'elles et ils vivent en milieu urbain ou rural, dans le sud ou dans le nord;
      • traiter de l'hypersexualisation des filles et des jeunes femmes en ligne (p. ex., par la pornographie), ce qui comprend la sexualisation des femmes et des filles autochtones ou membres de minorités visibles.
  • Une approche centrée sur les jeunes
    • Les jeunes devraient être au cœur des efforts visant à contrer ces violences.
    • On devrait impliquer les jeunes à tous les niveaux. Cela veut dire les consulter (p. ex., tenir un sommet jeunesse), les faire participer à la recherche et à la planification, voire leur confier la mise au point d'outils Web ou de matériel pédagogique destinés à sensibiliser leurs pairs.
  • Une approche axée sur la réduction des dommages
    • Étant donné l'importance du cyberespace dans la société d'aujourd'hui, il faut comprendre que les jeunes vont socialiser, se rencontrer et explorer la sexualité en ligne. Au lieu de dire aux jeunes de ne pas aller en ligne ou de ne pas publier leurs renseignements personnels, il faudrait élaborer des stratégies permettant aux jeunes d'évoluer au sein d'un univers virtuel sécurisé, leur permettant d'exercer un contrôle sur les renseignements les concernant.
    • Il faut aussi se rendre compte que la technologie peut aussi produire des changements désirables dans la société et que le monde virtuel permet aux jeunes d'exercer leur autodétermination et leur libre arbitre.

Les participantes et participants ont suggéré plusieurs grands axes d'intervention pour contrer la VFS en ligne et chez les jeunes, à savoir :

  • L'éducation
    • L'éducation publique et les campagnes menées dans les médias sociaux, y compris celles qui sont orchestrées par des jeunes. On devrait s'attacher à définir clairement ce qu'est le consentement et mobiliser les hommes et les garçons autour de cette question.
  • La conception du monde virtuel
    • La manière dont les applications et les sites Web sont conçus peut encourager la violence (p. ex., les applications visant à « espionner sa petite amie »). Il faut travailler avec les entreprises de l'Internet pour concevoir des outils virtuels sûrs, et interdire les applications et les sites Web qui encouragent la violence.
    • Les politiques relatives aux sites Web et aux applications devraient traiter de la violence en ligne et devraient être rédigées dans un style convivial pour les jeunes.
    • Les paramètres de sécurité par défaut d'Internet devraient être sûrs pour aider les jeunes à protéger et à contrôler leurs données.
  • Encadrement et coordination
    • En ce moment, beaucoup de projets sont réalisés en silo (dans différents ministères fédéraux; à l'échelon fédéral, provincial et territorial, et dans des organismes régionaux). Il faudrait créer une synergie entre les travaux de recherche en cours, les ressources allouées et les organismes qui interviennent dans ce domaine (par exemple, au moyen d'un centre ou d'un réseau d'information).
    • Le travail de revendication est important pour éradiquer les causes profondes de la VFS en ligne et chez les jeunes.
    • Il y a beaucoup de mots différents pour désigner la violence en ligne (p. ex., « trollage », cyberviolence et « doxing »). Il serait important de faire preuve d'uniformité et de rigueur sur le plan terminologique.
    • Il faut impulser l'élaboration de politiques claires qui visent la VFS en ligne et chez les jeunes.

Dans l'ensemble, les personnes présentes ont signalé que l'on était à un moment charnière et qu'il ne fallait plus attendre pour se pencher sur la VFS en ligne et chez les jeunes. Elles étaient favorables à l'adoption de solutions fondées sur les faits, mesurables et reproductibles.

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